Le camping d'Abbadia dans les années 1960
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Fonds privé Dornaletche Nom du propriétaire du fonds : Famille DornaletcheInventaire d'appartenance : Clichés des extérieurs du château, portraits et cartes postales Référence inventaire d'appartenance : Fonds Dornaletche. Extérieurs et portraits.
Détails sur le document
Référence : Camping 1960Auteur : non renseigné
Description physique : Carte postale
Format du document : non renseigné
Langues du document :
Description du document
Présentation
Provenant du fonds photographique de descendants de domestiques du couple d'Abbadie, cette carte postale éditée dans les années 1960 présente un intérêt en termes d'histoire du paysage et permet d'appréhender l'évolution de la propriété d'Antoine d'Abbadie plusieurs décennies après sa mort.
La prise de vue a été réalisée depuis la pointe Sainte-Anne, au Nord du château. Le paysage porte incontestablement l'empreinte de l'intervention d'Eugène Bühler, avec ces grandes étendues verdoyantes, faisant l'objet des trois quarts du cliché, et au second plan à droite, le petit bois d'Oihanttiki. Comme dans de nombreuses photographies, le château d'Abbadia domine le paysage depuis le sommet de sa colline. Mais son atmosphère fantasmatique est contrebalancé par l'activité humaine.
En effet, les prairies du domaine constituent alors un lieu d'accueil idéal pour la pratique relativement nouvelle du camping en ces années 1960. Les scoots de France avaient d'ailleurs l'habitude d'y séjourner annuellement.
Quelques tentes canadiennes sont disposées sur la gauche du cliché, et surtout, à droite, à l'ombre du bois d'Oihanttiki. Outre la multiplication curieuse de ces abris provisoires, le photographe met en lumière la vocation touristique du site par la mise en valeur, sur la gauche, d'un couple de promeneurs, dont les tenues vestimentaires ne laissent que peu de doute quant à la motivation de leur présence. Cet homme torse-nu, tourné oisivement, et cette femme en bikini et mini-jupe, main sur le front, sont des campeurs en balade admirant le paysage et le château. A mi-chemin entre le couple et l'édifice, on aperçoit une caravane et ses propriétaires tranquillement attablés entre l'ombre et le soleil. Et, comble des âfres de cette société de loisirs, un filet de volley-ball est dressé devant le bois, au centre de l'image.
Les éléments du cliché sont symptomatiques de cette période insouciante des Trente Glorieuses, nourrie par la reconstruction d'après-guerre et le développement des loisirs, qui s'installent partout sans avoir conscience de leur impact sur l'environnement, bâti comme paysager. Suivant le rythme de la société, le domaine d'Abbadia, autrefois lieu d'élite confidentiel, se démocratise et devient accessible au plus grand nombre, ce qui, assurément, n'aurait pas été du goût d'Antoine d'Abbadie. Pour autant, une décennie plus tard, ces pratiques, fort étonnantes sur les prairies immédiates d'Abbadia, deviendront non seulement impossibles mais surtout prohibées, en raison de l'acquisition de ces terres par le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres en 1977.
Si les témoins de la société moderne provoquent une rupture surprenante voire disgrâcieuse avec l'atmosphère intemporelle du château, ils montrent cependant le temps qui a passé et la nécessité pour chaque génération de s'approprier le patrimoine bâti et paysager.
La prise de vue a été réalisée depuis la pointe Sainte-Anne, au Nord du château. Le paysage porte incontestablement l'empreinte de l'intervention d'Eugène Bühler, avec ces grandes étendues verdoyantes, faisant l'objet des trois quarts du cliché, et au second plan à droite, le petit bois d'Oihanttiki. Comme dans de nombreuses photographies, le château d'Abbadia domine le paysage depuis le sommet de sa colline. Mais son atmosphère fantasmatique est contrebalancé par l'activité humaine.
En effet, les prairies du domaine constituent alors un lieu d'accueil idéal pour la pratique relativement nouvelle du camping en ces années 1960. Les scoots de France avaient d'ailleurs l'habitude d'y séjourner annuellement.
Quelques tentes canadiennes sont disposées sur la gauche du cliché, et surtout, à droite, à l'ombre du bois d'Oihanttiki. Outre la multiplication curieuse de ces abris provisoires, le photographe met en lumière la vocation touristique du site par la mise en valeur, sur la gauche, d'un couple de promeneurs, dont les tenues vestimentaires ne laissent que peu de doute quant à la motivation de leur présence. Cet homme torse-nu, tourné oisivement, et cette femme en bikini et mini-jupe, main sur le front, sont des campeurs en balade admirant le paysage et le château. A mi-chemin entre le couple et l'édifice, on aperçoit une caravane et ses propriétaires tranquillement attablés entre l'ombre et le soleil. Et, comble des âfres de cette société de loisirs, un filet de volley-ball est dressé devant le bois, au centre de l'image.
Les éléments du cliché sont symptomatiques de cette période insouciante des Trente Glorieuses, nourrie par la reconstruction d'après-guerre et le développement des loisirs, qui s'installent partout sans avoir conscience de leur impact sur l'environnement, bâti comme paysager. Suivant le rythme de la société, le domaine d'Abbadia, autrefois lieu d'élite confidentiel, se démocratise et devient accessible au plus grand nombre, ce qui, assurément, n'aurait pas été du goût d'Antoine d'Abbadie. Pour autant, une décennie plus tard, ces pratiques, fort étonnantes sur les prairies immédiates d'Abbadia, deviendront non seulement impossibles mais surtout prohibées, en raison de l'acquisition de ces terres par le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres en 1977.
Si les témoins de la société moderne provoquent une rupture surprenante voire disgrâcieuse avec l'atmosphère intemporelle du château, ils montrent cependant le temps qui a passé et la nécessité pour chaque génération de s'approprier le patrimoine bâti et paysager.
Bibliographie
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.
- MOSSER M., TEYSSOT G. (dir.), Histoire des jardins de la Renaissance à nos jours, Flammarion, Paris, 1991.