Poncif des étagères de la chambre d'Ethiopie par Edmond Duthoit

Lorsque Antoine d'Abbadie commanda la construction de sa demeure à Eugène-E. Viollet-le-Duc en 1864, celui-ci s'adjoignit immédiatement les services de son plus fidèle collaborateur, Edmond Duthoit. L'architecte amiénois fut en charge du suivi du chantier et de la conception des décors et du mobilier.

Le présent document figure le seul témoignage graphique de Duthoit dans les fonds d'Abbadia. Il s'agit d'un poncif destiné au décor des armoires d'encoignure de la chambre d'Ethiopie. Tracé sur un papier cartonné, les contours du dessin sont, conformément au principe du poncif, percés de petits orifices permettant de reproduire la forme sur l'élément à décorer. En l'occurrence, Duthoit représente ici un motif ornemental inspiré par les oeillets persans présents sur la tapisserie en soie de la chambre. Il a également pris soin d'indiquer partiellement les couleurs afin d'éviter toute méprise à l'artisan exécutant ce projet.

D'un point de vue stylistique, Duthoit opte clairement pour le parti pris de la polychromie en harmonisant, en aplats de couleur, un fond noir avec un trait rehaussé doré et des entrelacs et des fleurs rouges, bleus et verts. Cela traduit les principes décoratifs prônés par son maître tout en introduisant les touches orientalistes voulues par le commanditaire.
Après avoir tracé le contour des motifs grâce aux pointillés percés, l'artisan appliqua les couleurs dans les compartiments dès lors dessinés sur l'armoire en bois fruitier.

Ce document constitue un exemple de la méthode utilisée aussi bien dans la peinture du mobilier que dans celle des décors. Le maître d'oeuvre s'assure ainsi de l'exécution optimale de ses projets. Ce poncif représente en outre un échantillon du goût de l'éclectisme si emblématique de la période du Second Empire, dont l'esprit perdure ici en dépit du changement de régime un an avant la réalisation de ce dessin.