Saint Matthieu écrivant (Ethiopien)

Ce folio illustre l'évangéliste saint Matthieu en train d'écrire, parchemin et plume en main, posture traditionnelle de l'iconographie des auteurs des Evangiles. L'artiste a porté une attention particulière à l'arrière-plan polychrome où s'agencent, comme sur l'habit du saint, des motifs géométriques. Au-dessus de la partie supérieure du cadre, se trouvent des inscriptions guèzes permettant vraisemblablement d'identifier le sujet de la représentation, selon la tradition iconographique éthiopienne.

Le portrait est extrait d'un manuscrit contemporain du séjour d'Antoine d'Abbadie en Ethiopie, qui a la particularité d'être le plus petit de sa collection, avec une largeur de 11 cm et une longueur de 6 cm. La taille de l'ouvrage s'explique par sa vocation portative et talismanique, car de tels objets étaient destinés à faire office de pendentifs autour du cou afin de se protéger du mauvais sort. D'Abbadie le reçut en présent des mains d'un prêtre nommé Fanta durant son voyage en 1843, acte dont la mention figure au verso du troisième portrait représentant saint Matthieu écrivant.

Aussi petit soit-il, ce recueil rassemble néanmoins les quatre évangiles - Matthieu, Marc, Luc, Jean - illustrés avec neufs portraits enluminés. Une prière magique, confirmant la fonction de talisman du manuscrit, a en outre été intercalée dans les pages consacrées à l'Evangile de saint Luc.

Antoine d'Abbadie soulignait l'infinie précision qui présida à la réalisation d'un tel ouvrage, particulièrement au sujet de la calligraphie dont certaines lettres n'excèdent pas "six dixièmes de millimètres de hauteur".